Le 21 juin 2017, Frédéric Tatinclaux est trouvé gisant au pied du 41, rue Jeanne-d’Arc à Lille- Hellemmes. Il a toujours affirmé avoir été poussé du troisième étage. Une enquête est en cours mais, pour cette famille, la justice n’avance pas.
Frédéric Tatinclaux avec sa mère et Me Pauline Collette ( à g.) - Par Chantal David - Publié:12 Octobre 2019
Frédéric Tatinclaux s’accroche encore à son rêve de rejouer au foot. À 25 ans, deux ans après sa chute, il est cloué dans un fauteuil roulant, dépendant de sa famille pour les gestes les plus élémentaires de la vie quotidienne. Dans ses yeux dansent, à tour de rôle, des lueurs de colère et de tristesse.
En juin 2017, il mordait la vie à pleines dents, bon sportif, jeune adulte turbulent, voire petit ami volage. Avec sa copine, il y avait eu tellement d’orages, qu’après cinq ans, le couple venait de se séparer. « Il était un peu triste mais pas davantage », dira sa mère aux policiers lorsqu’elle porte plainte, persuadée, comme Frédéric, que dans l’appartement d’où il est tombé, un ou plusieurs occupants l’ont poussé.
Le 21 juin 2017, dans la soirée, Frédéric était passé chez la mère de la jeune fille, au 41, rue Jeanne d’Arc à Hellemmes, récupérer des affaires. Le ton serait monté entre Frédéric et la mère. Il affirme qu’en plus des deux femmes, et d’un copain de son ex, il y avait un autre homme qui le frappera à coups de poing. « J’ai été KO quelques secondes et quand je me suis réveillé, je me suis senti agrippé. On m’a jeté par la fenêtre ».
Ces graves accusations, Frédéric rêve de les dire à un juge d’instruction. L’enquête avait très mal démarré, les policiers concluant d’abord à une tentative de suicide. La mère de Frédéric n’y a jamais cru : « Au contraire, mon fils était heureux, il venait de recevoir une promesse d’embauche ». Son opiniâtreté et celle de son avocate conduiront à l’ouverture d’une information judiciaire au mois de novembre 2017.
Me Pauline Collette relève que Frédéric, malgré un grave traumatisme crânien qui lui a valu deux mois de coma, n’a jamais varié de version. Le jeune homme et sa famille se posent de multiples questions. Dans leur dossier, ils évoquent notamment le témoignage de voisins étonnés du comportement des occupants de l’appartement d’où est tombé Frédéric. La mère de Frédéric affirme : « Les voisins m’ont dit que personne dans cette famille n’a appelé les secours. Que ces gens sont descendus puis remontés chez eux ». Elle déplore : « Le CHR a eu du mal à nous prévenir alors que la jeune femme me connaissait bien. Pourquoi n’a-t-elle pas donné mon nom et mon adresse ? » Des zones d’ombre, Frédéric et sa mère en trouvent à la pelle. Un second juge d’instruction vient d’être nommé. Ils espèrent que, cette fois, le dossier va avancer.
*article issu du journal La Voix du Nord